Passagère régulière de l’autobus, je fais partie des témoins privilégiés des différentes scènes qui se déroulent quotidiennement dans ces véhicules imposants. Nous menant toujours ou presque à destination, les autobus sont souvent la cause d’accidents ; du moins c’est ce que raconte l’autre partie impliquée dans de « petites » carambolages…
Jeudi 20 janvier, les tamouls célèbrent le Thaipoosam Cavadee. Des déviations sont prévues pour le bon déroulement des processions. Ce qui est d’ailleurs le cas à Quatre-Bornes…enfin presque puisque déviations, il n’y a en avait pas vraiment à ma connaissance hein (et en plein centre-ville). Juste des policiers pour gérer la circulation. Les dévots bloquant de temps en temps le trafic, les nerfs étaient plutôt à vif…surtout pour les conducteurs et les contrôleurs d’autobus !
Dans un petit chemin de la ville Fleurs, l’autobus se dirige doucement mais surement vers sa destination. Cependant un van devait couper court à son projet. L’autobus aurait heurté l’autre véhicule ! Bien décidé à ne pas se laisser faire, le chauffeur du van (au look très bollywoodien) descend de son véhicule pour passer un savon au chauffeur du bus. Les badauds commencent alors à augmenter (homme sur sa maison, petit fouteur de trouble, veillard….)
Chauffeur bollywoodien : Van nef saaa ! oune raye mo van ! Ou croire couma ou vié bis sa ! (C’est un van neuf, vous avez rayé mon van ! Vous avez cru qu’il était comme votre vieux bus !)
Chauffeur du bus : Kine arriver la ? Nanier pane rayer la ! Pane tap ar ou ! (Que se passe-t-il ? Il n’y a rien de rayé là. On ne vous a pas heurté !)
Les passagers du bus (surtout les femmes) : Li p coz menti ! Guet sa distance la couma ine capav tape ar li / Nu aller sofer ! / Li p rod cash !/ Nu alllller ! (Il ment ! Regardez toute cette distance – qui sépare l’autobus du van – comment on aurait pu heurter le van ? / Chauffeur, partons ! / Il veut de l’argent / Partons !)
Le bollywoodien, très énervé, fait mine d’appeler je ne sais qui – la police peut-être ? Après des minutes de blabla, il s’énerve encore plus et met un grand coup de pied dans le vieux bus ! Heureusement qu’il est costaud, le bus pas le bollywoodien, sinon on aurait tous fait connaissance avec le bitume.
Mettant l’huile sur le feu, le petit fouteur de trouble cracha : Donnne sofer la 2-3 claques sa va apran li (mettez deux-claques au chauffeur, ça lui apprendra)
Entre-temps, les passagers du van sont également descendus pour prendre connaissance de la situation. Femme et enfants commencent alors à pleurer…Un autre prend une serviette pour nettoyer le van sous le regard de plusieurs personnes. « Li p rod casssse ! » entend-on dans le bus. « Samem ki li p rodé ».
Pour régler la situation, le chauffeur de bus propose alors d’aller au poste de police. Option refusée par le chauffeur de van. De l’argent peut-être ? Non plus. Finalement après avoir pété une durite, les deux chauffeurs sont partis chacun de leur côté...Le van n’était vraiment pas amoché (bollywoodien s’en est peut-être rendu compte pour dire « aller laisse tomber, laisse tomber »!)
On a pu reprendre la route en toute tranquillité, enfin presque puisque devant des dévots nous attendaient… ^^
J’ai été très surprise par les personnes qui sont arrivées sur les lieux après ce petit accident ! Ils ont tout de suite accusé le chauffeur du bus et ont même voulu le « tabasser ». Pourquoi accuse-t-on toujours les autobus ? Ne devrait-on pas se renseigner d’abord sur les circonstances de l’accident avant de lancer des pierres aux mastodontes qui nous conduisent chaque jour à bon port ?
Qu’en est-il de ces petits chemins que doivent emprunter chaque jour ces véhicules ? Il faudrait peut-être y penser avant qu’un accident plus grave ne se produise… Mais comme on dit ici « après la mort, la tisane » …
(Témoin de la scène, le van est passé sans toucher l’autobus hein…)